L’Organisation pour de Nouvelles Initiatives en Développement et Santé au Burkina Faso (ONIDS) lance une riposte contre la dégradation des droits en santé sexuelle et reproductive (DSSR) des adolescents et jeunes en urgence humanitaire. Les actions se déroulent au Centre-Est et à l’Est avec le soutien de Amplifychange. Sensibilisation, référencement, plaidoyer pour la réduction de la discrimination et de la stigmatisation liée aux Droits sexuels et à la santé de la reproduction des groupes vulnérables que sont les adolescents et les jeunes qui vivent dans des localités fortement éprouvées par le péril sécuritaire, c’est le quotidien des animateurs qui vont chaque matin au contact des populations. La Directrice Exécutive de ONIDS, Clémentine KOSSOUHO/TARNAGDA, s’est rendue sur le terrain pour les encourager et faire avec eux un bilan d’étape de la mise en œuvre de ce projet.
La suite après cette publicité
Un jour de marché à Lilougou. Le temps d’une heure, commerçantes et acheteurs semblent avoir oublié leurs étals. Tous ont ouï parler des drames de violences basées sur le genre, les VBG.
Une femme suit les animations avec une attention particulière. Pour la première fois, elle découvre qu’il y a une loi qui sanctionnent les auteurs de violences et que les femmes ont là un moyen de faire prévaloir leurs droits.
Elle découvre des réponses à des questions qu’elle se pose depuis des années. Il y a cinq ans, un jour de marché, sa fille est interceptée sur la route et violée, par des inconnus qui se sont vite volatilisés. Et de cette agression sexuelle, est né un enfant. Un enfant qui ne fait pas sourire sa mère. Il a le visage de l’agresseur et évoque le traumatisme du sale quart d’heure qu’elle a vécu un certain soir.
Du coup, la fille ne veut pas voir son enfant et c’est la grand-mère qui se charge d’élever le petit fils. Maintenant, elle comprend que le droit permet à une femme violée de ne pas garder son fils et que désormais d’autres victimes pourront ne pas connaître le sort de sa fille et de son petit-fils, quelle s’emploie à soigner comme une fleur du mal, en espérant qu’un jour, l’enfant comblera sa mère du bonheur.
Voilà donc un cas qui nécessite une prise en charge psychologique de la fille et la directrice exécutive d’ONIDS, Clémentine KOSSOUHO/TARNAGDA, en a pris bonne note. C’est du reste un des volets d’intervention du projet, composante du projet qui prévoit un référencement aux structures compétentes des cas de VBG ainsi qu’une prise en charge, médicale, judiciaire et psychologique des victimes.
De Oueguedo, Kampoaga Gontenga, Bouantega, Tansobintenga, Silmiougou-yarcé et à Fada, la même ambiance et la même passion: faire passer le message de la campagne. Dans tous les villages où elle passe, la DE fait le même constat : les campagnes de sensibilisation suscitent beaucoup d’intérêt.
L’engagement des communautés est particulièrement manifeste et Mme KOUSSOUHO a pu bien le contester au cours de son périple. A Louanga et Koulwoko, des responsables coutumiers ouvrent leurs portes pour accueillir les causeries-débats. Mieux, dans le Centre-Est, un chef Koglweogo est membre des clubs VBG mis en place pour assurer la veille sur le phénomène des violences basées sur le genre.
L’initiative locale de sécurité s’était déjà illustrée par son engagement sur les violences faites aux femmes mais les mesures de rétorsion que l’organisation imposait aux jeunes fautifs de viols collectifs suscitaient certaines réprobations au sein de la collectivité.
Pour la communauté, le rôle du Koglweogo devait se limiter à la répression des voleurs et des grands bandits qui écument la zone. Avec la diffusion de la loi sur les VBG et des sensibilisations des communautés dans le cadre du projet ONIDS, les populations sont bien sensibilisées et adhèrent au mot d’ordre de tolérance zéro contre les VBG.
La directrice Exécutive a noté par endroit des insuffisances dans les messages livrés aux populations. En cas de viol, il est dit qu’il faut se rendre dans les meilleurs délais dans les centres de santé.
Dans leurs animations, certaines précisions importantes manquaient au message : les centres de santé doivent être saisis dans les 72 heures. Par ailleurs, elle a constaté que beaucoup d’animateurs parlent d’inceste, sans préciser que la loi circonscrit cette dérive dans le cadre d’un lien direct père-fille ou frère-sœur, et exclut les cas de relation oncle-nièce. La mission a ainsi permis de recadrer certains animateurs sur le contenu des messages livrés aux populations et de relever la qualité des animations.
Cette mission de suivi et de supervision devait permettre de s’assurer que les animations se déroulent comme prévues, que les connaissances des communautés sur les droits des femmes et des filles sont renforcées, que la veille, l’alerte de cas de VBG sont actives, que des témoignages significatifs sont compilés, que des victimes sont identifiées pour permettre une prise en charge médicale, judiciaire et psychologique des survivants de violence.
Globalement, les projets s’exécutent avec beaucoup de bonheur malgré quelques difficultés sérieuses enregistrées sur le terrain. C’est le cas par exemple de l’Est où l’isolement de certains villages du fait de l’insécurité ne permet pas une remontée à temps de certaines fiches d’animation pour permettre une capitalisation à temps des résultats du projet.
Correspondance particulière
Pour Burkina 24